Cuzco, le nombril du monde pour la civilisation Inca, était au centre des 4 territoires conquis et formant l'empire, le Tawantinsuyu. C'est une très belle ville, pleine d'histoire, qui se trouve dans la cordillère des Andes. C'est là où j'ai décidé de me poser un petit peu, notamment pour améliorer mon espagnol, et afin de profiter de toutes ses beautés architecturales. Cuzco, c'est un vrai coup de coeur !!
Le voyage en bus, de Puno à Cuzco, avec la compagnie Cruz del Sur, ce n'est que du bonheur (je recommande d'ailleurs vivement cette compagnie pour un voyage en bus au Pérou). Enfin une ceinture de sécurité (introuvable en Bolivie), et puis une hôtesse à bord, deux chauffeurs qui se relaient, une bonne couverture, une sécurité maximale à la montée dans le bus, un écran personnel comme dans un avion, vu les temps de trajets et la réputation des bus dans le pays, c'est vraiment le top ! Le paysage qui défile est splendide, des montagnes verdoyantes aux agricultures en terrasses.
Cuzco c'est donc le coup de coeur immédiat ! C'est une vieille ville qui mêle ruines Incas et architecture coloniale espagnole. Mon auberge La Bo'M est au coeur du vieux quartier de San Blas, sur les hauteurs, fait de petites ruelles pavées et de vieilles maisons blanches, le tout à beaucoup de charme. Les boutiques d'artisanat sont nombreuses ainsi que les petits cafés ou resto qui donnent envie de se poser quelques heures. C'est l'été mais comme on est ici en altitude (3400 mètres), les températures sont agréables !
L'auberge est attenante à la crêperie du même nom, succulente (!!) et aux prix tout péruviens. Touristes et locaux s'y mêlent. C'est une Française qui a monté cette affaire il y a quelques années, c'est plein de charme, l'équipe est impliquée et adorable, je recommande vivement l'endroit (d'ailleurs je crois que j'ai dû en parler à tous ceux qui cherchaient un endroit pour dormir dans le coin ;-) ). Le soir, dans la salle commune, il y a un bon feu de cheminée (même si c'est l'été, la nuit, avec l'altitude, c'est la caillante ;-)). Le thé, le maté et le café sont à disposition 24h/24 (je commence franchement à apprécier l'eau chaude avec un goût depuis que je suis en Amérique du Sud). Des hamacs se balancent dans la cour intérieure. Je vais me sentir bien ici. Et je trouve rapidement une école d'espagnol dans la même rue, qui propose des cours en petits groupes pour une somme vraiment modique ! Parfait ! Le soir je squatte la crêperie ou la salle commune pour faire mes devoirs, parce que j'ai des devoirs ;-). L'équipe de l'auberge me tient compagnie.
Je passe des heures à baguenauder dans la ville (spéciale dédicace pour Hélo, je l'ai casé ;p ), d'abord dans le quartier de San Blas et puis dans le centre et autour. Il reste des traces des fondations Incas un peu partout dans la ville. On reconnaît les murs Incas à leur légère inclinaison et au puzzle de pierres qui les constituent.
Il reste encore les niches où étaient placées les momies Incas (sans les momies), ils pensaient que pour que l'esprit survive dans l'autre monde (une sorte de monde parallèle au nôtre, en tout point identique mais peuplé d'esprits) il fallait conserver le corps ! Donc tout le monde était momifié à l'époque, ce n'était pas seulement réservé à la classe aisée.
A la suite de la conquête espagnole on a enlevé les momies pour y mettre des croix chrétiennes.
On retrouve toujours une mixité entre les croyances incas et la religion chrétienne, dans les décorations des églises, les fêtes religieuses... On peut voir sur beaucoup de toits ces petites figurines, représentant un mâle et une femelle, une croyance inca pour protéger la maison mais agrémentée maintenant d'un artéfact chrétien.
Je participe à un free walking tour, intéressant pour découvrir des coins un peu moins connus de la ville. J'en apprends un peu plus sur la cuisine Péruvienne, beaucoup de pommes de terre, le pays en compte 3500 sortes différentes (!), et de maïs ("que" 300...). On goûte à la viande d'Alpaga, pas spécialement ma tasse de thé mais je dois avouer qu'elle était très tendre. Et puis on assiste à une démonstration d'instruments andins chez un luthier, le charango, la flûte... Certaines tribus en amazonie utilise même la mâchoire d'un grand singe pour jouer lors des cérémonies.
Le plan de la ville avait initialement la forme d'un puma, le dieu de la guerre pour les Incas, même vue d'en haut je n'arrive pas vraiment à le distinguer mais il paraît qu'il se voit toujours. Au loin, on voit les cultures en terrasses, qui datent aussi du temps des Incas, cette région était le grenier de l'Empire.
Je visite certains des grands édifices coloniaux de la ville, comme le monastère de la Merced, qui a l'un des plus beaux cloîtres du Pérou à ce qu'il paraît. C'est vrai qu'il est très agréable ! De même que les plafonds et ces immenses portes en bois que j'affectionne tant. L'agitation de la place centrale, pourtant à quelques pas, paraît loin ici.
Je visite aussi le monastère Santo Domingo, construit sur les fondations du temple du soleil. Du coup l'architecture mêle classicisme et pierres incas. Construit au centre de la cité, c'était le lieu le plus sacré de l'empire Inca. Il était certainement le théâtre de cérémonies importantes, et recouvert d'or et d'argent, malheureusement il a été rapidement pillé et rasé par les Espagnols à leur arrivée.
Comme vous l'aurez remarqué ce que j'ai beaucoup apprécié ce sont aussi tous ces petits détails de décoration, ces vieilles portes et balcons en bois...
La place principale de Cuzco, Plaza de Armas, est très belle et a été le théâtre des principaux événements historiques de la ville (dont l'exécution de deux grands Incas, le dernier empereur à l'arrivée des conquistadors et celui d'un autre grand Inca s'étant rebellé quelques 200 ans plus tard, mettant ainsi fin à leur histoire). Elle est maintenant le lieu où se déroule toutes les grandes cérémonies de la région.
En ce qui concerne les cours d'espagnol, je suis passée d'une formule en groupe à une formule individuelle après le premier jour. En groupe, sur une semaine de cours, le programme ne prévoyait pas une grande diversité des sujets abordés, et j'ai surtout besoin de revoir la conjuguaison dans son ensemble. L'école est sérieuse et les professeurs compétents. Fabiola, ma prof, est géniale, on rigole bien et j'avance beaucoup. C'est l'occasion pour nous de parler de plein de sujets différents qui touchent à la vie des Péruviens, la corruption du système politique, le désintérêt de la population pour les questions politiques, la pauvreté, le système scolaire...
Je participe à une étude sociologique d'une jeune Française, étudiante à la Sorbonne, sur les touristes qui visitent le Pérou et leur vision du pays, c'est intéressant, il va falloir que j'attende un peu pour les résultats mais je vais suivre ça de près. En tout cas répondre à son questionnaire fait réfléchir un peu plus à son voyage. A vrai dire je ne sais toujours pas quoi penser du Pérou et des Péruviens surtout. Le pays est magnifique, les péruviens n'ont pas la vie facile, mais on est extrêmement sollicité en tant que touriste ici, on ne peut pas faire 5 mètres sans qu'on essaye de nous vendre quelque chose ou qu'un chauffeur de taxi disponible passant par là nous klaxonne pour se signaler à nous. J'avoue que ça peut être vite lassant. Il arrive qu'on n'est pas le temps de répondre à tout le monde et parfois (en traversant la place centrale par exemple) ça peut être un peu l'overdose. Et en même temps je comprends...
Il y a aussi de nombreux émigrés qui sont venus s'installer ici, attirés par les attraits de Cuzco, et notamment beaucoup de Français qui y ont ouvert des commerces, le plus souvent plus à visée des touristes vu les prix pratiqués, rendant certains quartiers de la ville inabordables pour les Péruviens, aggravant les disparités d'un pays qui en compte déjà beaucoup, même si le tourisme apporte aussi beaucoup à la région.
Je vais quitter Cuzco deux jours pour aller découvrir le Machu Picchu, pas très loin d'ici. Comment visiter le Machu Picchu est un petit casse-tête, il y a tellement d'options, il faut se pencher dessus un minimum à l'avance, même en basse saison comme maintenant. Le trek des Incas, qui arrive au sein du site, aurait été mon premier choix mais il ouvre à peine, comme on est encore dans la saison des pluies, et il aurait fallu que je m'y prenne des semaines à l'avance pour réserver. Certaines formules d'entrées ne sont déjà plus disponibles non plus, comme celles incluant la visite du Wayna Picchu (la fameuse montagne en pain de sucre qui se trouve derrière le site), je « me rabats » sur le billet combiné avec la visite de la montagne (beaucoup plus haute, de l'autre côté du site) qui me promet une marche très sportive en altitude :-) ... Il faut savoir que le nombre d'entrées journalières est limité, il y a un certain nombre d'entrées disponibles pour le site principale, puis pour le Wayna Picchu, la montagne, avec différents horaires. Bref si vous y allez le mot clé c'est anticipation ;-) ! Pour moi, comme j'y suis en saison des pluies, le mot clé c'était surtout météo et l'achat du billet au dernier moment du coup ;-) ! D'ailleurs, concernant les conditions météorologiques, tout le monde me conseille de prendre le train pour m'y rendre. Il est aussi possible de s'y rendre par la route mais celles-ci sont à flanc de montagne, et ne seraient pas sûres en cette saison.
A savoir aussi que le billet d'entrée du Machu Picchu coûte de plus en plus cher, surtout pour un pays comme le Pérou. Et le train est un train spécial pour les touristes, à plus de 100 dollars l'aller-retour, alors que le train classique (qui ne nous est pas ouvert), ne coûte que quelques soles. Les bagages sont également limités à quelques kilos et 50 cm de hauteur, je dois laisser mon gros sac à l'auberge où je reviendrai avec plaisir après le Machu Picchu (mes précieuuuuuses crêpes...). Ce qui est un peu rageant c'est que le prix du train est aussi élevé car la compagnie est Britannique, cela ne profite même pas complètement au pays... Bon voilà, pour ceux qui envisageaient d'aller découvrir ce site mythique vous en savez un peu plus ;-) !
Et sur ce en route !!