Nous voyageons de nuit entre Uyuni et Sucre. Le voyage n'est pas aussi confortable qu'au Chili ou en Argentine mais on pouvait s'attendre à pire, ici les routes ne sont pas souvent goudronnées et les nids de poule sont partout. Sucre c'est la seconde capitale du pays, la capitale constitutionnelle, et probablement l'une des ses plus belles villes, toute de blanc vêtue, et beaucoup plus propre qu'ailleurs. C'est une ville coloniale, regorgeant de beaux bâtiments, de petites places. Les cholas, c'est comme cela qu'on appelle les femmes en habits traditionnels, y sont un peu moins nombreuses, dans le centre du moins, l'ambiance y est plus occidentale.
Notre première impression de la Bolivie, mis à part la splendeur de ses paysages, se dessine entre les premiers villages rencontrés et Sucre. Ce qui frappe tout d'abord, c'est son extrême pauvreté. Les ordures sont dans les rues, les bêtes s'y baladent tranquillement, les enfants aident la famille par de petits travaux. D'ailleurs, le travail des enfants n'est pas illégal, tant "qu'il ne nuit pas à leur scolarité"... Et puis les infrastructures manquent. Pour nous Européens, la vie n'est vraiment pas chère. Le salaire de base ici est de 150 euros... Les traditions y sont plus respectées aussi que dans les autres pays d'Amérique Latine que j'ai pu visiter. Les habits traditionnels sont encore très fréquents même dans les grandes villes. Donc on appelle les cholas, les femmes Boliviennes portant les jupes bouffantes, le chapeau melon (introduit par les anglais au 19e siècle et bien adopté ici par les femmes), et portant sur leur dos les enfants ou les provisions dans de grands tissus multicolores. Les anciennes croyances persistent et côtoient l'église, il en résulte une sorte de mélange dans les cultes. La culture, l'histoire ancienne et actuelle de ce pays m'en rendent la visite passionnante, malheureusement écourtée par des risques de blocus routiers. Ils sont plutôt fréquents ici, pouvant paralyser le pays tout entier pendant plusieurs semaines, et le pays est actuellement en pleine période électorale dont l'issue pourrait réenclencher les barrages. Evo Morales, déjà élu trois fois à la présidence, voudrait pouvoir se présenter une quatrième fois et demande par référundum à la population l'autorisation de changer la constitution du pays dans ce sens ! Les protestations sociales sont nombreuses, la corruption bien présente, le pays est totalement divisé entre partisans du oui et du non !
Notre auberge, The Beehive, est bien située, économique, avec un joli patio, une bonne ambiance, des cours d'espagnol possible pour moins de 4 euros de l'heure, un petit déjeuner délicieux, cela aurait été parfait pour y rester quelques semaines et renforcer mon espagnol.
Pour le 14 février il y est organisé un super repas de Saint-Valentin dans une ambiance bien détendue. On y goûte le vin Bolivien qui est un vin d'altitude, et que je trouve encore une fois un peu trop sucré.
On reste trois jours à Sucre, pour profiter de son marché super coloré, de ses cafés et restaurants, on s'y balade tranquillement pendant des heures. De nombreuses bâtisses abritent de jolis patios, c'est une ville qui se découvre doucement, avec une touche de curiosité.
Même si on a fait très attention, étant prévenus des risques, on repart de Sucre, Izzie et moi, avec une bonne turista qui va nous mettre à plat pendant un moment.
Et puis c'est là que nos chemins se séparent avec Ori, après 15 jours de voyage, c'était un peu comme voyager avec mon frère, même caractère, même humour (détonant... ;-) ). Je poursuis mon périple, direction Copacabana, au bord du lac Titicaca, avec Izzie et Nadja !