Valparaiso : << Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap lorsqu'il est malheureux au travail ou en amour, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n'a fui les conseils sensés. Vis maintenant. Risque-toi aujourd'hui... >> Pablo Neruda

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Le voyage se fait de nuit entre Mendoza et Valparaiso, il nous faut donc une nouvelle fois traverser les Andes et... la frontière Chilienne.... 4 heures d'attente !! Entre 1h et 5h du matin !! Moi qui avait peur d'arriver un peu trop tôt à Valparaiso, problème résolu :-) ! Mais ça pique quand même ! Je n'ai aucune idée du pourquoi du comment cela a pris 4 heures, les mystères de l'administration Chilienne...

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Simone, l'Italien rencontré à Mendoza, descend à Vina del Mar, un tout petit peu avant Valparaiso, on doit se retrouver le lendemain pour visiter la ville. Arrivée à Valparaiso je ne comprends pas trop sur quelle colline est mon auberge (il y en a 45 et je n'ai pas vraiment de plan), je ne sais pas trop comment marche le bus, bref je prends un taxi ;-) pour l'auberge Nido del Caminante, conseillée par Manu et Paul ! Perchée sur une des collines, avec une vue splendide sur la baie, l'auberge est tenue par un jeune couple Franco-Chilien adorable, Andrea et Vincent. Elle est un peu comme toutes les maisons ici, biscornue, comme je les aime, avec en prime une super terrasse où traîner en soirée pour admirer les lumières de la ville ! Même du dortoir la vue est super ! Andrea m'explique ce qu'il y a à voir et les coins à éviter dans la ville, tout ce qu'il y a à savoir quoi !

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La vue depuis l'auberge :
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Après un peu de repos et un petit-déjeuner à l'auberge, je pars vite me perdre dans le dédale des ruelles, passages, escaliers de la ville ! C'est la meilleure manière de la découvrir ! Ça monte, ça descend, ça remonte, ça redescend ! Parfait pour les cuisses ;-) !

Escaliers !

Aucune ville ne les a répandus, ne les a effeuillés dans son histoire et sur son visage, ne les a dispersés et réunis, comme Valparaiso. Aucun visage de ville n’a eu ces rides par lesquelles les vies vont et viennent, comme si elles étaient toujours en train de monter au ciel ou de descendre à la genèse.

Escaliers qui à mi-chemin ont donné naissance à un chardon aux fleurs de pourpre ! Escaliers qu’a montés le marin qui rentrait d’Asie et qui a trouvé chez lui un sourire nouveau ou une terrible absence ! Escaliers qu’a dévalés comme un météore noir un ivrogne qui tombait ! Escaliers par où le soleil grimpe pour apporter l’amour aux collines !

Si nous parcourons tous les escaliers de Valparaiso nous aurons fait le tour du monde.

Pablo Neruda

L'art de rue est partout, très réussi en général, dans chaque ruelle, chaque passage, il y a quelque chose à voir, toujours, même les fameux escaliers ont quelque chose en plus.

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Ça sent vraiment l'été, il fait 30 degrés, en face le Pacifique et les plages de Vina del Mar.

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Cette ville donne envie de se mettre à la terrasse d'un café avec des amis, juste pour profiter du calme apparent des collines !
Apparent parce qu'en fait il y a toujours de la musique qui s'échappe d'un coin, des envolées lyriques de la miriade de chiens errants qui peuplent la ville et de la vie dans les restos et les bars, d'autant plus en soirée bien-sûr !

Pour l'instant je suis seule et je continue ma visite, de surprise en surprise !
Une fois à l'auberge, je passe la soirée sur la terrasse. Andrea et Vincent nous font goûter un plat d'ici, une sorte de tourte à base de crâbe, et Santiago, un jeune Argentin en vadrouille, fournit le vin et le guacamole !

Le lendemain matin je rejoins donc Simone pour une journée de visite, on gravit une autre des collines de la ville, celle qui mène à la maison de Pablo Neruda, La Sebastiana.
Du départ deux chiens nous accompagnent, le temps d'arriver à la maison du poète ils seront 5 ;-) ! On se sent bien entourés :-) !

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La maison a 5 étages, des pièces biscornues avec de grandes baies vitrées tournées vers l'océan et la ville en contrebas, Neruda était un fervent collectionneur, on retrouve chez lui tout un tas d'objets complètement hétéroclites mais qui constituent un bel ensemble. Le poète avait trois maison, une à Santiago, une à Valparaiso La Sebastiana et la plus belle, Isla Negra, au sud de Valparaiso. C'était un gros travailleur, j'ai d'ailleurs particulièrement aimé son cabinet d'écriture, dans la pièce la plus petite, tout en haut de la maison. A l'affirmation "Quel talent !", il répondra "Quel métier !". Pas de photos de l'intérieur désolée, ce n'était pas autorisé ! Et pour l'extérieur, et bien je n'ai pas pu faire mieux ;-) !

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Pour redescendre on passe par un musée à ciel ouvert, une rue pleine d'oeuvres de jeunes artistes, et on finit par un des ascensores de la ville. Il n'en reste plus qu'une quizaine mais ils étaient bien plus nombreux avant et facilitaient la vie aux habitants des collines (les pauvres au départ, maintenant ce sont les plus riches qui y habitent).

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La partie basse de la ville est moins intéressante, ça grouille de voitures, c'est bruyant, on remonte vite sur une autre colline, le Cero Allegre. On fait une pause déjeuner avec Simone, dans un petit café avec une super vue sur une autre des collines de la ville.

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Ensuite on rejoint Santiago, le jeune Argentin qui réside à l'auberge, pour un tour for tips (un tour organisé en échange de pourboires). Ça dure trois heures et ça permet d'apprendre pas mal de choses. Entre autres qu'on se trouve dans une des zones les plus sismiques de la planète. Le plus fort tremblement de terre d'histoire d'hommes a d'ailleurs été enregistré au Chili ! J'ai du mal à comprendre comment certaines maisons tiennent debout, alors j'ai encore plus de mal à concevoir comment tout ça à pu survivre à plusieurs tremblements de terre...

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L'âge d'or de la ville a duré jusqu'à l'ouverture du canal de Panama, avant ça les marins étaient obligés de passer par le Cap Horn et de remonter toute l'Amérique du Sud pour aller en Californie. Le but : l'or bien sûr ! Nombreux de ces marins s'installèrent à Valparaiso, y voyant des possibilités de s'enrichir suffisantes, après un voyage déjà bien assez long. A l'époque la partie basse de la ville, celle en bord d'océan, était la partie riche et les pauvres vivaient dans les collines. C'est maintenant le contraire ! Le port est d'ailleurs une des parties les plus "dangereuses" de la ville.
Au cours de la visite Paula, notre guide, nous emmène prendre le trolley bus, un autre des ascensores ,et chez Don Sergio, un vieux monsieur qui porte la moustache, et qui prépare des alfajoles artisanales et des empanades, au milieu d'une montée d'escalier.

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Il faut sonner pour qu'il ouvre son échoppe, donc je n'aurais pas eu trop de moyen de savoir qu'il existait si je n'avais pas participé à ce tour. Ce sera ma nouvelle cantine !
A la fin du tour Paula nous emmène dans un des anciens palaces de la ville dans le quartier du port, c'est là qu'on partage la Chicha et qu'on paye ce qu'on veut pour le tour. La Chicha c'est une boisson alcoolisée assez forte à base de maïs à laquelle on ajoute des fruits.
Après ça on va se poser en terrasse tous les trois (ça tombe bien c'est ce que l'ambiance de la ville m'inspirait :-) ! ) puis on retourne chez Don Sergio pour goûter à ses empanadas !

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On dit au revoir à Simone, je fais quelques courses, j'ai envie de faire un truc sympa pour l'hostel, des crêpes bien-sûr. Cest une vrai galère avec le matériel de l'auberge, mais après 2h de lutte en cuisine j'arrive à en faire quelques unes ! Il y a un nouveau voyageur solitaire à l'auberge, un hongrois qui s'appelle Csaba, avec qui on va partager notre repas. Une super journée donc !
Et le lendemain c'est pareil, ça commence avec la suite des crêpes, puis avec Csaba et Santiago on part pour un grand tour de la ville, avec, entre autres, la visite de l'ancienne prison, reconvertit en centre culturel, c'est ici qu'étaient enfermés et torturés les prisonniers politiques durant la dictature de Pinochet...

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Ensuite on va au vieux cimetière, renommé pour sa vue, il y en a deux en fait, celui des catholiques et celui des "dissidents", les protestants. Avant ce cimetière ils n'avaient pas le droit d'enterrer leurs morts dans celui des catholiques, les obligeant à mettre les corps dans l'océan ou à les " jeter" du haut d'une des collines... Il leur a aussi été compliqué d'avoir le droit de construire une église mais ils y sont arrivés à force de négociations ! Celle-ci ne devait d'ailleurs pas avoir l'air d'une église !

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Simone nous rejoint pour la suite de la journée, constituée de la poursuite de nos déambulations dans la ville, d'un restaurant de produits de la mer et d'un passage chez Don Sergio pour le dessert ;-) .

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Une super journée qu'on finit de nouveau à la terrasse d'un bar ! Mais il faut déjà dire au revoir à Simone et à Santiago qui partent poursuivre leur périple ailleurs. C'est le revers de la médaille des bonnes rencontres en voyage, tu passes ton temps à dire au revoir à de nouveaux amis !

Le lendemain, je participe à un cours de cuisine chilienne. Notre chef, Carolina, nous fait d'abord choisir les plats que l'on veut cuisiner parmi les plus typiques du pays. Une fois le choix fait, on part au marché faire nos emplettes, l'ambiance, l'agitation, le mélange de couleurs et d'odeurs du lieu valent carrément le détour !!
A Valparaiso tout le monde est très prévenant (ah, ça fait longtemps que je n'ai pas dit que les Chiliens sont gentils ;-) ) et on nous prévient spontanément de faire quand même attention à nos sacs à dos. On n'aura aucun problème de ce côté là, la difficulté c'est de savoir où se mettre pendant que Carolina nous choisit du poisson, de la viande et des légumes tous plus frais les uns que les autres. Les maraîchers sont en plein travail, et de nombreuses personnes transportent des gros sacs de légumes sur leur dos jusqu'aux échoppes. Il règne une joyeuse agitation. Du côté des étales c'est le temps des épis de maïs, des tomates, des ananas, des papayes, des mangues...
Après ça il est temps de rejoindre la cuisine pour le début du travail, dans une ambiance beaucoup plus tranquille, avec un couple d'Australien et 3 Allemands, sur fond de musique Chilienne, un verre de sauvignon blanc à la main.

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Dans l'ordre du repas, on prépare et on mange, une sauce chilienne épicée à déguster en apéro avec du pain, qu'on arrose de pisco sour, cocktail chilien par excellence, qu'on apprend aussi à préparer, nature et au gingembre ! Encore pour l'apéro des palourdes au parmesan et au vin blanc, qu'on fait grilloter au four. En entrées (et oui il n'y a pas que moi qui a du mal à choisir ;-) ) une salade (une traditionnelle des asados) et un avocat fourré à la sauce chilienne avec coeurs de palmiers. C'est le moment du vin rouge (ce n'est définitivement pas ma journée la plus aquatique :S) pour accompagner le plat, une sorte de carbonnade, épicée juste comme il faut. Pour le dessert on n'a pas su choisir non plus ;-), on prépare donc un flan au caramel et des papayes bouillies servies avec une pointe de crème ! Pour ceux que la cuisine chilienne peut intéresser j'ai toutes les recettes de ces plats et plus encore !! On a aussi préparé des empanadas à la viande (comment passer à côté) mais on n'avait vraiment plus de place pour les déguster de suite !

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Comme c'est la journée des découvertes culinaires, avec Csaba ce soir-là on prépare notre premier guacamole fait maison, autant dire que ça a été plutôt expérimental, mais à force de rajouter des ingrédients en cours d'engloutissement c'était plutôt réussi... sur la fin ;-) !

Le lendemain je fais le second tour for tips, plutôt à visée historique et sur l'art de rue, dans une partie complètement différente de la ville. C'est dimanche on est plutôt tranquille.
On s'enfonce un peu plus dans le quartier du port, effectivement les visages y sont moins amicaux. Le quartier est principalement occupé par les anciens marins, de toutes les nationalités, ce serait intéressant de savoir combien de langues sont parlées ici ! La plupart des bâtiments semblent désaffectés, il est un peu loin le temps de la splendeur du port. Le guide nous explique que Valparaiso est une ville un peu particulière au Chili dans le sens où toute la population se retrouve au même endroit pour aller faire les courses, aller à la banque... dans la ville basse. Il n'y a pas vraiment de magasins dans les collines, à part pour dépanner. Du coup la ville basse et ses commerces offrent un important melting-pot, des plus pauvres au plus riches.

Il nous raconte aussi comment Valparaiso a été la première ville où on a compris ce qui se passait au moment du coup d'état de Pinochet. Les navires de la marine se trouvent en permanence au port de Valparaiso, ce jour de septembre 1973 ils ne se sont pas remis en place après leurs exercices habituels, mais faisaient face à la ville, pointant leur canon vers la capitale !
Durant cette période les rassemblements étaient interdits, un couvre-feu était imposé dès 21h. Après cela les Chiliens avaient bien besoin de s'exprimer et beaucoup des graffitis de la ville datent de cette période (comme celui de la photo qui suit). Tant que le propriétaire du mur donne son autorisation c'est totalement légal ! Les habitants de Valparaiso aiment ça et dans ce fouillis de maisons ça peut également permettre d'être plus facilement repérable.

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Certains des artistes exposent leurs plus petites oeuvres dans la rue, il y a également plein de petits spots artisanaux. En fin de journée je fais un dernier petit tour d'adieu de la ville avec Csaba. Même après 5 jours on découvre encore des choses !

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L'enfant qui ne joue pas n'est pas un enfant, mais l'homme qui ne joue pas a perdu à jamais l'enfant qui vivait en lui et qui lui manquera beaucoup.

Pablo Neruda

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Ce soir là c'est à Csaba qu'il faut dire au revoir, c'est un peu déprimant tout ça !

Valparaiso je n'ai pas aimé, j'ai adoré ! C'est à mon tour de quitter la ville, tôt le lendemain matin, pour un petit voyage au sein du voyage, pour quelques jours de retour en France à l'occasion d'une belle naissance, d'un problème de passeport...


P.S : Youhou !!!, danse de la victoire !!!, tout ça, tout ça, j'ai enfin bouclé la première partie de mon voyage, je n'ai "plus" que 2 mois de retard... A très vite !

1 Comment

  1. Hélo dit :

    Héhé, « danse de la victoire » j’adooore !
    Et puis cette ville, bordel, c’est clair que j’aurais adoré !!!
    Des bisous !
    Et… ENCOOOOOORE !!! 😀

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