Dans un état de "dépression" post-Antarctique me voilà repartie sur les routes Argentines. 42H de bus pour rejoindre Bariloche bien plus au nord, il ne m'en faudra pas moins pour repenser, intégrer et réfléchir au magnifique voyage que je viens de faire ! C'était même nécessaire ! Mes nouveaux amis me manquent déjà mais j'ai tellement de belles images et de beaux moments en tête que je peux me repasser à loisir !
Ce long voyage me réserve quand même quelques belles suprises. Déjà une rencontre sympathique avec un vieil Argentin qui sera l'occasion de ma première "longue" conversation en espagnol, principalement sur la politique en plus. C'est fou je n'aime pas trop parler politique habituellement mais lors de ce voyage je n'arrête pas, ça fait aussi partie de la découverte, j'essaye de comprendre comment tout cela marche. Les élections présidentielles viennent d'avoir lieu en Argentine, un nouveau président a été élu, Mauricio Macri qui remplace la présidente Cristina Fernandez. Les Argentins en attendent beaucoup, en tout cas les plus âgés, les jeunes voient d'un mauvais oeil le retour d'un gouvernement qui avait, selon eux, précipité leur pays dans la crise. Fernandez était en place depuis 2 mandats, son mari avait aussi été président avant elle, elle a même essayé de changer la constitution pour pouvoir se représenter une troisième fois (comme Evo Morales en Bolivie). On me l'a décrit souvent comme un gouvernement corrompu et peu ouvert vers l'international. Les premières actions de Macri n'ont pas tardé, il a supprimé le blue dollar. Le blue dollar c'était du marché noir en fait, le taux officiel pour l'euro était autour de 9 dans les banques, de 14 à 17 au marché noir. Macri a augmenté le taux officiel à 14, le blue dollar n'a donc plus de raison d'exister !
Et puis on reprend la fameuse route 40 sur une partie qui m'est encore inconnue, plus habitée mais aussi plus montagneuse, les sapins font leur apparition, la cordillère des Andes se dévoile.
Ce n'est pas spécialement à classer dans les bonnes suprises, mais j'ai eu le droit à une bonne dose de Ragga Tone. Un exemple dans la vidéo qui suit pour ceux qui ne voient pas trop de quoi je parle, un tube absolu en Amérique latine actuellement, impossible d'y échapper... (bon je suis trop gentille là, je vous en mets une autre un peu plus "méchante" après ;-) ).
Imaginez cet air repris des centaines de fois ( et pour toujours dire la même chose ) pendant des heures dans un bus (avec les clips, ça permet au moins des moments de franches rigolades), et des Argentins de tous âges, fredonnant, sifflotant ou chantant autour de vous. Le Ragga Tone c'est une vraie institution ici !
Pourquoi Bariloche comme destination ? Ben pour rien en fait, c'était le moyen le moins cher de rejoindre la partie du Chili par laquelle je voulais poursuivre mon voyage. On a une heure de retard à l'arrivée, il est 23h30, le terminal est éloigné du centre mais heureusement je trouve 2 Français et un Allemand avec qui partager un taxi.
Je reste un peu moins de 36h à Bariloche. C'est une ville sans grand charme, touristique, au bord d'un lac immense. La région autour est belle, c'est la région des 7 lacs, beaucoup de montagnes et de sapins, ça ressemble à des paysages qu'on peut trouver en Europe. En fait Bariloche a une forte communauté d'origine Allemande, le président Peron (mari d'Evita !) y a accueilli de nombreux nazis après la seconde guerre mondiale...
Je repars donc, après un peu de repos, direction Pucón. Avec les fêtes moins de bus circulent, je prends donc une excursion en minibus pour Pucón, je ne veux pas rester "coincée" à Bariloche pour les fêtes. Jorge, un ex-commandant de l'armée de terre reconverti dans le tourisme (ça lui vide la tête qu'il nous dit), très gentil, nous transporte, 2 couples d'israéliens et moi, le long de la route des 7 lacs. Pour la petite histoire, c'est dans cette région que Butch Cassidy et le Sundance Kid ont fini leur cavale et se sont fait tuer. C'est aussi le début d'une région très volcanique, les éruptions sont assez fréquentes.
Le beau temps n'est pas au rendez-vous cette fois-ci.
On s'arrête pour déjeuner à San Martin de Los Andes, le cadre est très sympa et invite au partage d'une bouteille de vin, du Malbec pour changer ;-) ! Comme je suis Française on estime que c'est à moi de choisir et de goûter le vin (ce n'est pas la dernière fois que ça arrivera). Euh... Ok mais je n'y connais rien en fait... C'était bon quand même ! Il tape tellement qu'on dort tous dans le minibus les 2 heures suivantes !
A l'arrivée à Pucón l'impression est bonne d'emblée, ce n'est pas une ville très grande, elle est très agréable même si touristique, beaucoup de Chiliens viennent y passer leur vacances. Il faut dire qu'il y a beaucoup de choses à faire dans la région, de nombreuses activités sont proposées et la ville se situe au bord d'un lac propice à la baignade. Mais l'attraction principale est le volcan Villarrica, splendide géant de 2847m qui se dresse juste derrière, toujours en activité. De la fumée s'en échappe en permanence, et la nuit, elle est éclairée par la lave et prend une couleur rouge, c'est génial !! On trouve des plans d'évacuation un peu de partout dans la ville, le système d'alerte est expliqué par de nombreux panneaux ! Ils vivent ici en permanence sous la menace du volcan. La dernière éruption a d'ailleurs eu lieu en mars (peu importante, elle n'a duré que 20 minutes et n'a fait aucun dégâts) et le volcan n'est rouvert aux marcheurs (avec guide obligatoire et masque à gaz près du cratère) que depuis un mois. Il paraît qu'on peut même entendre la lave quand on est au sommet...
Peu après mon arrivée dans l'auberge, une sirène se met en route dans la ville, on est plusieurs à aller demander à la propriétaire si c'est pour le volcan, elle nous explique qu'une seule sonnerie c'est pour les pompiers, pour le volcan ils sonnent 5 fois ! Ça fait quand même une drôle de sensation à chaque fois qu'on l'entend.
Pour ma première journée à Pucón, j'ai réservé une sortie à cheval dans la réserve Mapuche, par une agence de tourisme tenue par des Français. On est le 24 décembre, je discute un peu avec les stagiaires de la boîte, ils sont super sympas, quand ils apprennent que je suis seule pour Noël ils m'invitent à passer le réveillon avec eux, au programme un asado (barbecue, les Chiliens comme les Argentins adorent ça, chaque famille a son barbecue dans le jardin et c'est traditionnellement le dimanche que la famille se réunit pour un asado).
Les indiens Mapuche sont donc le peuple indigène du Chili, ils sont très nombreux à avoir été tués lors des guerres avec les Espagnols. Mais heureusement ils n'ont pas été exterminé contrairement aux peuples indigènes en Argentine... Ils se battent quand même toujours, politiquement maintenant, pour tenter de récupérer leurs terres. La balade se fait d'ailleurs sur leurs terres, une petite communauté Mapuche vit à côté de Pucón, au pied d'une montagne sacrée. Notre guide s'appelle Gregorio et ma jument Gabriella.
Une vraie gourmande celle-là, et vu mon autorité légendaire je me retrouve souvent à faire bouchon si elle a repéré un bon coin d'herbe ;-), en pleine descente ce n'est pas super agréable. Mais quand elle se décide à repartir elle rattrape vite tout le monde au trot. Au départ on longe le village Mapuche, ses petites maisons en bois, son lieu de cérémonie (en l'honneur de la nature), les habitats traditionnels ne sont utilisés que pour les touristes. On monte dans la montagne, ça grimpe sec, à cheval ça fait bizarre, surtout la descente après. On a de supers points de vue sur Pucón et le Villarica !
Gregorio nous explique l'absence de religion des Mapuche, ils ne croient en aucun Dieu, pour eux l'essentiel est la nature et ses quatres éléments, qu'ils respectent ! En fait ils pensent qu'il existe un cinquième élément, qui forme une cohésion entre les quatres autres ! Il ne comprend pas le concept de diable, d'enfer, la nature est bonne par nature justement ! Donc ils l'honorent et y trouvent tout ce dont ils ont besoin. Par exemple chaque plante, chaque herbe peut constituer un remède !
Après la balade on mange Mapuche dans une petite cabane, c'est délicieux et très frais, de même que la boisson à base de poire fermentée. Je mange en compagnie d'un couple d'Américains et d'une famille Chilienne.
Après ce beau début de journée je pars faire quelques courses pour le réveillon. Je retrouve l'ambiance d'un 24 décembre dans le centre ville mais en version 30 degrés celsius. Du coup j'ai un peu du mal à intégrer le fait que ce soit noël. Ils m'ont donné rendez-vous à 20h30 à l'agence, après leur journée de travail, je passe donc la soirée avec Marion, arrivée depuis trois jours, Quentin, là depuis 3 semaines, Antoine, sur le départ, et sa petite amie Colombienne. On passe le début de la soirée sur la terrasse en haut de leur maison, à boire des verres, avec une magnifique vue sur le Villarrica et sa fumée rougoyante, et de l'autre côté sur un lever de lune, pleine en plus.
Le barbecue acheté le jour même ne marche pas, on fera cuire la viande au four mais c'est délicieux , avec des poivrons fourrés, on mange beaucoup, on boit beaucoup aussi, bière, vin (essentiel) et du pisco (alcool chilien), une première pour moi, pisco coca car mélangé, ce n'est franchement pas ce que je préfère. Et pour finir on a eu un super flan colombien à base de dulce de leche. La soirée se finit pour moi vers 3h30, un Noël très sympa, ambiance plutôt 31 décembre ;-) !
Le lendemain je pars vers 11h passer Noël dans des thermes naturelles, les Geométricas, j'avais envie d'un petit truc tranquillou pour ce jour spécial. Cela fait quand même bizarre de passer Noël aussi loin de chez soi...
Je suis obligée d'y aller en excursion, aucun bus ne s'y rend, mais elles ont la réputation d'être les plus belles thermes du coin. Effectivement elles sont magnifiques, au milieu d'une végétation luxuriante.
Elles se situent dans un petit canyon assez haut, à moitié à l'ombre, ce qui est plutôt pas mal comme il fait pas loin de 30 degrés. Une bonne quinzaine de bassins se suivent le long du canyon, l'eau y est de 35 à 45 degrés. Vu la chaleur, il est difficile de rester plus de quelques minutes dans les bassins autour de 40 degrés. Je me trouve un bassin à 37° où il n'y a quasi personne et des feuilles géantes pour me cacher du soleil.
On y trouve aussi quelques cascades pour se rafraîchir, avec une eau à 6 degrés. Ça sent un peu le souffre mais pas trop. L'ambiance est détendue, il y a principalement des petites familles et des touristes en ce jour de Noël. Pour être dans le thème je trouve une pâtisserie là-bas qui ressemble à une petite bûche de Noël au dulce de leche.
Je rentre aux alentours de 17h, c'est ville morte, à l'agence Marion m'équipe pour l'ascension d'un volcan le lendemain.
Finie la détente, il est temps de passer aux choses sérieuses ! Le lendemain je pars en excursion pour l'ascencion du volcan Quetrupillán, un peu moins haut que le Villarrica (réservations pleines pour plusieurs jours malheureusement) (2360m) et endormi depuis 700 ans, mais il offre un bon panorama sur les autres volcans de la région ! Rendez-vous à l'agence à 7h du matin, ils nous fournissent un sac à dos avec une luge pour la descente, un casque, des crampons, un surpantalon, une veste et des moufles. C'est parti pour la journée avec Claudio notre guide, sa chienne, qui l'accompagne à chaque fois, 3 Français, 2 Brésiliens, un Chilien Pablo très gentil (est-ce que tous les chiliens qui s'appellent Pablo sont gentils ;-) ?), une Népalaise Malika et un Grec Vassili, adorables. Je ne sens même pas les 1300 mètres de dénivelé, le rythme est plutôt lent. On monte d'abord dans la forêt, où il y a de nombreux bambous, puis à découvert sur le flan du volcan, dans la neige, avec une vue superbe sur le Villarrica.
Au fur et à mesure de la montée on voit apparaître de nouveaux volcans ! Au sommet, c'est un panorama splendide, à presque 360 degrés, sur une dizaine de volcans, qui s'offre à nous !
Le vent se lève donc on ne peut pas rester trop longtemps au sommet ! La descente se fait en luge, 15min pour redescendre ce qu'on a monté en 2 heures ! C'est juste génial :-) !! On descend, le Villarrica face à nous !
Pablo, Vassili et Malika m'invitent à venir boire des verres avec eux ce soir-là, finalement on finira au resto, Vassili n'a pas l'habitude de la marche et rêve juste d'un copieux repas ! On passe une super soirée, à parler de la culture de nos pays, de voyages...
Le lendemain après-midi (quand il fait bien chaud sinon ce n'est pas drôle ;-)) je loue un vélo pour aller voir des cascades dans la montagne. Le Chilien à qui je loue le vélo semble un peu embêté que je sois toute seule, il me donne une pompe et son numéro en cas de problème (mais bon de toute façon je n'ai pas de réseau). J'avais prévu que le chemin monte un peu mais pas à ce point là (je suis parfois obligée de descendre du vélo et de le pousser...), en plein soleil, sur une piste pleine de trous, pendant 17km. J'arrive je suis liquide, mais le lieu en vaut la peine, appelé Los ojos del Caburgua, un ensemble de petites cascades. Il n'y a encore pas trop de monde et la proximité de l'eau rafraîchit l'atmosphère !
Dommage que la baignade soit interdite... Je profite un bon moment de l'endroit, je me refais une santé, mais quand je retourne à mon vélo, surprise, la roue avant est à plat... Je galère pendant 10 minutes avec ma mini-pompe à vélo puis un gentil Chilien (mais ne sont-ils pas tous gentils ?! Je les trouve adorables, bien plus agréables que les Argentins dans l'ensemble) qui tient un mini kiosque pas loin vient voir ce qui m'arrive. Il appelle un ami à lui qui a une pompe à moteur, il arrive 10 min après en voiture. On regonfle rapidement la roue, on ne sait pas trop si c'est la chaleur ou si la roue est crevée, ça a l'air de tenir, je les remercie bien et repars. Je me dis qu'il faudrait que je me dépêche, j'ai 10 bons kilomètres de piste, où il n'y a pas grand monde qui passe, avant d'arriver sur la route pour les 7 derniers kilomètres. Et puis je m'en doutais mais le pneu se dégonfle très vite, c'était bien une crevaison. Vu le terrain il fallait s'y attendre et ça ne doit pas être rare. Je vais donc le plus vite possible, une fois que le pneu est bien dégonflé ça devient très compliqué dans les montées donc je marche à côté et je remonte dessus pour les descentes, en y allant le plus doucement possible comme ce n'est plus très stable avec ce pneu qui déconne, et puis les freins ne sont pas très bons. Bref avec tout ça c'était couru d'avance, chute il y aura, en pleine descente dans un virage, tête la première, je détruis un jean au passage, je m'abîme un peu les genoux et le menton mais rien de bien grave. J'éponge mes blessures quand 2 Chiliennes passent par là en voiture, là c'est bon j'ai eu ma dose pour le vélo, je fais du stop. Elles sont super sympas, m'emmènent d'abord là où j'ai loué le vélo (et engueulent le loueur qui n'y est pour rien, alors que je n'ai rien demandé... Surtout que ce n'est plus le même gars à ce moment-là) et me ramène ensuite à mon auberge. L'autre loueur, celui à qui j'avais eu affaire, fait le déplacement jusqu'à l'auberge un peu plus tard pour s'assurer que j'aille bien. Que des gentils je vous dis !
Le lendemain, pour mon dernier jour à Pucón, je profite de la ville tranquillement, et de l'auberge, une famille Chilienne me propose de partager son repas le midi (bon là si vous n'avez pas compris que les Chiliens sont géniaux... ;-) ). J'ai beaucoup aimé Pucón, et l'atmosphère familiale de l'auberge où j'ai séjourné, j'y suis restée 5 jours mais j'aurais facilement pu en faire le double ! Mais maintenant les étoiles m'appellent... :-)
Une petite vidéo de mes aventures pour finir.
3 Comments
Encore, encore, encore !!! 😀
Je ne me lasse pas de lire et relire tes histoires, voir et revoir tes photos et tes vidéos, me remémorer tout ce que tu m’as raconté, j’ai tellement hâte de voir l’intégralité de tes photos et t’entendre me détailler ton voyage mille fois !!!
Merci pour ce récit de Pucon, où j’ai admiré de splendides volcans, et aperçu de très belles macro, aussi ! 😉 (bon OK j’avoue, par contre, ne pas avoir réussi à aller au bout des vidéos de Ragga Tone… ^^ ;P )
Des bisous, ma belle !!!
Normal, ,cavaliere gourmande cheval gourmand, vous étiez fait pour vous rencontrer! !!! Loin de ton pays mais paysage hors du commun pour Noël.
Oui, j’avoue y avoir penser aussi ;-)…